Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 133

promettre de la sorte. S'il avait porté tant d’intérêt au général, pourquoi donc n’aurait-il pas usé de son influence pour obtenir sa mise en liberté? Des lettres et sollicitations de Malet, il résulte qu’il ne conspira point dans sa prison tant qu’il eut l'espérance d’en voir s’ouvrir les portes. Et si l’administration impériale — Fouché ou Cambacérès, car Sorbi serait allé jusqu’à l’archi-chancelier, à en croire l’abbé Lafon — si, dis-je, l'administration avait eu vent de quelque chose, elle n’aurait certainement pas autorisé le général à résider dans une maison de santé. Tout cela est incontestable, ce me semble. L’abbé aura été le jouet d’une illusion, il aura mal compris quelque conversation.

Tout concourt à prouver que ce fut seulement quand Malet vit s’évanouir toute espérance de recouvrer la liberté par la voie gracieuse, qu’il résolut de réaliser la conspiration du Jacobin Demaillot, dont il avait précieusement conservé toutes les pièces. Seulement, se rappelant que cette conjuration si bien ourdie avait échoué par la trahison ou VPindiscrétion d’un seul individu, il se promit de ne pas en révéler le secret, même à ceux qui devaient en être les instruments. Une seule personne reçut toutes ses confidences, ce fut l'abbé Lafon. Sur ce point pas de doute possible.