Histoire des deux conspirations du général Malet

134 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

L’abbé Lafon, comme nous l'avons dit, avait été arrêté à Bordeaux, au mois de septembre 1809. Il s’appelait Jean-Baptiste Lafon. Il était né à Pessacsur-Dordogne, dans le département de la Gironde. Cétait un homme de trente-huit ans, de taille moyenne, à la figure avenante. Ancien instituteur, il s'était dévoué à la cause des Bourbon, et surtout à celle du pape, dont la détention à Savone avait exaspéré tous les catholiques. Il avait parcouru les départements de FOuest pour former des associations royalistes et cléricales. On lavait entendu prêcher ouvertement les maximes les plus contraires à l’ordre existant, d’abord à Rennes, puis à Bordeaux, où la police avait mis la main sur lui. Rien n’égalait sa haïne de linstitution impériale. était un titre sérieux à la confiance de Malet.

L’influence de l'abbé sur le général ne saurait non plus être révoquée en doute. Par elle, il consentit à entrer en relations avec quelques amis dévoués du parti des Bourbon; par elle, ilse décida à introduire un élément royaliste dans le gouvernement provisoire formé, dès 1808, par Demaillot; par, elle enfin, il se décida à insérer dans le sénatus-consulte, que je mettrai tout à l’heure sous les yeux du lecteur, une clause qui stipulait en faveur du pape. L’abbé fut, je le répète, son unique confident.