Histoire des deux conspirations du général Malet

136 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

complaïisant, elle avait à peu près terminé son existence politique. Ai-je besoin d'ajouter, une fois de plus, que l’histoire ne saurait s'appuyer sur des sur hypothèses ou sur des probabilités romanesques?

Maïs comment expliquer alors, ai-je entendu dire, l’étonnante facilité avec laquelle le général Malet a pu mettre en mouvement et diriger, à son gré, toute l’armée de Paris? Comment? Eh! mon Dieu! de la façon la plus naturelle du monde: grâce à cette admirable obéissance passive, devant laquelle s’inclinent encore si bêtement tous les routiniers de l'art militaire. Il suffisait qu’un colonel ne doutât pas de l'authenticité du sénatus-consulte préparé par Malet pour entraîner toutes les troupes placées sous ses ordres. J’ajouterai même qu’il devait être bien plus utile à la conjuration en la servant de bonne foi et d’une manière inconsciente que sil en eût été complice.

Que si, maintenant, on s'étonne qu’un chef de corps ait pu si aisément donner dans le piége, je répondrai par l'exemple du préfet de la Seine, à qui l’idée ne vint même pas que le bruit de la mort de lempereur pouvait être une invention, et qui n'eut pas un seul instant la pensée de révoquer en doute l’authenticité des actes au nom desquels l’insurrection prit posssession de l’Hôtel-de-Ville.