Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 135

On a écrit, sans aucune espèce de preuves, que des officiers haut placés de la garnison de Paris étaient complices de la conjuration de Malet; que les militaires des casernes de Belleville, de Picpus et des Minimes avaient été visités la veille du complot et avaient reçu d’avance toutes les instructions nécessaires, en attribuant cette merveilleuse entente à la puissance de la société des Philadelphes, où l'esprit républicain s'était conservé dans toute sa force. Quoi! en 1808, alors que la conspiration était le secret de quelques vieux démocrates éprouvés et de trois généraux, elle avait avorté dans son germe par suite d’une indiscrétion, et, instruit par une si fatale expérience, le général Malet aurait été la divulguer à droite et à gauche? Cela n’est pas soutenable; et si, de gaîté de cœur, il avait commis une pareille imprudence, il eût été dénoncé tout de suite, et se fût mis dans l'impossibilité de réaliser son aventureuse entreprise.

Quant à l'intervention de la société des Philadelphes dans cette seconde affaire de Malet, il faut absolument laréléguer dansle domaine de la légende. Cette société, comme je l'ai dit, n’a jamais eu l'importance qu’on s’est efforcé de lui donner, et d’ailleurs, à cette époque, du propre aveu de Charles Nodier, qui a été son historien un peu trop