Histoire des deux conspirations du général Malet

149 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

Comme je lai dit tout à l’heure, Lahorie ne pouvait qu’accueillir avec joie la nouvelle d’un changement de gouvernement. Aussi, répondit-il avec beaucoup de présence d’esprit, et tout naturellement, qu'ayant été proscrit dans sa patrie pendant neuf années, qu'ayant vu ses biens confisqués, et qu’étant à la veille de sortir d’une prison d’État pour être jeté nu sur une terre étrangère, il avait quelques droits peut-être à désirer un nouvel ordre de choses. Cela était bien dans la logique du cœur humain ; il n’est donc pas besoin d’aller chercher dans des conceptions imaginaires l’explication de la conduite de cet officier.

Maximilien-Joseph Guidal était du même âge que Lahorie. Il était né à Grasse, dans le département du Var; mais ses yeux d’un bleu clair, ses cheveux et ses sourcils blonds lui donnaient plutôt l’apparence d’un homme du Nord. Il était d’une stature élevée. Son nez mince et effilé, sa longue et maigre figure reflétaient les ravages d’un cœur aigri. Général de brigade comme Lahorie, il avait vu sa carrière brisée par un caprice de Bonaparte premier consul, et depuis dix ans déjà il était en retrait d'emploi, quand, au commencement de 1812, il fut arrêté dans le Midi, par ordre du préfet du Var.

Le général Guidal avait été, lui aussi, un vaillant