Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 147

Il faut dire ce qu'était la femme qui spéculait ainsi sur le nom du compagnon héroïque de Malet, et qui faisait si bon marché de l'honneur d’un général républicain. Marie-Marthe Bernard, femme du général Guidal, avait, dès les premières années de son mariage, donné l’exemple de la plus déplorable conduite. Sous le Directoire elle était devenue la maîtresse de Barras, et trafiquait ouvertement de linfluence qu’elle avait sur le directeur.

Son mari l’avait chassée du domicile conjugal. Après la chute du Directoire, elle s'était vue obligée de quitter Paris. Enfin, à l’époque où le général Guidal mourut si bravement et pour une si bonne cause dans la plaine de Grenelle, elle fut la première à le dénigrer, sans doute pour éviter d’être inquiétée, et elle publia partout que depuis longtemps elle ne vivait plus avec lui. Voilà la femme qui respectait assez peu la mémoire de son mari pour en faire un traitre et un renégat.

Sa mauvaise action n’eut pas, du reste, tout le succès qu’elle en espérait. Les notes de police communiquées au baron de Vitrolles apprirent à ce ministre de la Restauration que jamais le général Guidal n’avait travaillé en faveur du régime monarchique, qu’il n'avait favorisé que le parti républicain, qu’il ne s’était associé qu’à des hommes de ce parti,