Histoire des deux conspirations du général Malet

CHAPITRE VIII

LE JEUNE BOUTREUX ET LE CAPORAL RATEAU.

Le général Malet avait calculé qu’il arriverait un moment où l’empereur et la grande armée, enfoncés au cœur de la Russie, donneraient plus rarement de leurs nouvelles, et il avait fixé à cette époque la réalisation de ses desseins.

Or, ce moment était venu. On était au mois d’octobre. Déjà l’armée française avait subi des pertes immenses, car les victoires de Smolensk et de la Moskowa avaient diminué son effectif dans d’effroyables proportions. Elle se trouvait alors dans Moscou famant, et se disposait à en sortir pour courir à d'irréparables désastres. Mais depuis une quinzaine de jours on était sans aucune nouvelle ni de l'empereur ni de l’armée. Toutes les suppositions étaient pos-