Histoire des deux conspirations du général Malet

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152 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

sibles ; Malet se décida à agir, et à traduire en acte la grande conjuration de 1808.

Tout était prêt depuis un mois. Malet avait revu, modifié et recopié le sénatus-consulte et les proclamations élaborés jadis par le comité de la rue BourgPADbÉ; il avait en outre, préparé des lettres particulières pour quelques généraux et commandants de la garnison de Paris. Les minutes de toutes ces pièces, que j’ai eues sous les yeux, sont de la main même du général. Il ‘en avait fait faire un certain nombre de copies par un jeune homme nommé Boutreux,. qui venait souvent à la maison de santé du docteur Dubuisson voir l’abbé Lafon.

Alexandre-André Boutreux avait vingt-huit ans. Il était né à Angers, d’une famille peu aisée, qui s’était beaucoup gênée pour lui donner une forte instruction. 11 avait étudié le droit à Rennes, et y avait acquis le grade de bachelier. C’est là qu’il avait connu Pabbé Lafon et qu’il s'était lié avec lui, alors que l’abbé y prêchait les doctrines ultramontaines et royalistes, en même temps qu’il vendait du vin pour le compte d’une maison de Bordeaux.

Comme beaucoup de jeunes gens, Boutreux était venu à Paris y chercher fortune, le cœur plein d’espoir, la tête remplie d'illusions. C'était un jeune homme de mœurs douces et d’une grande pureté,