Histoire des deux conspirations du général Malet

156 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

était le préféré de sa mère, à qui l'on reprochait quelquefois cette partialité. I1 était parent d’un magistrat haut placé, devenu baron Rateau, depuis la création de la noblesse impériale, et qui occupait le siége de procureur général près la cour de Bordeaux. Cette parenté, à laquelle le jeune Rateau fut, jen’en doute pas, redevable de n’être point fusillé, avait certainement exalté son ambition.

Le général Malet lui demanda s’il avait bien envie d'avancer. — Dame! répondit le jeune homme, c’est l'envie de tous les militaires; je ne sers que pour cela. — Eh bien! reprit Malet, l’occasion s’en présentera peut-être bientôt. Peu de temps après, il Ini dit qu’il était chargé de mettre à exécution certains ordres émanant du Sénat, et il lui demanda sil voulait être son aide de camp. Comment Rateau aurait-il refusé? Il vit là un coup de fortune, ne demanda nulle explication et accepta purement et simplement.

Il ne lui vint même pas à la pensée qu’il pouvait y avoir qnelque chose de louche dans la proposition du général. Comment s’étonner d’ailleurs qu'un simple caporal de la garde de Paris ait cru, les yeux fermés, à la parole d’un officier supérieur, qui se donnait pour l'interprète et Pexécuteur des ordres du Sénat?