Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 155

purent très-bien, comme il le dit lui-même, tromper aisément son inexpérience, et lui inspirer une confiance sans bornes.

Aussi accepta-t-il de Malet un rôle actif dans l’affaire. Il fut chargé de remplir les fonctions du commissaire de police qui devait donner aux troupes lecture des actes du Sénat et des proclamations des autorités nouvelles.

Le commissaire de police était choisi; il fallait maintenant à Malet un aide de camp.

Il se trouva justement qu’un jeune caporal de la garde de Paris venait quelquefois voir à la maison de santé de la barrière du Trône un de ses proches parents, avec lequel Malet avait noué de bonnes relations. Un jour, ce parent dit au général: « Si vous pouviez, par vos connaissances, lui procurer de l'avancement, vous me rendriez un service personnel. » Ce fut un trait de lumière pour le général; il songea tout de suite à en faire son aide de camp.

Ce jeune caporal se nommait Jean-Auguste Rateau. Il avait l’âge de Boutreux, vingt-huit ans. Son père, fabricant de liqueurs à Bordeaux, s’était noyé dans la Gironde, par désespoir de n’avoir pu payer un misérable billet de trois cents francs. C'était vraiment pousser trop loin le point d’honneur commercial, Rateau avait des frères et des sœurs; mais il