Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...
43 ble ne rien laisser à désirer, si ce n’est, toutefois, de n’avoir pas été décrété un ou deux ans plus tôt; mais il ne fallait rien moins que les dernières découvertes pour amener, sur ce point, la majorité des Cantons au sacrifice de leurs souverainetés individuelles, qui, commé je l’ai dit ailleurs, s’identifient avec leur existence politique.
Bien que l’empereur de Russie, celui d'Autriche et le roi de Prusse leur aient témoigné un vif déplaisir de leurs répugnances et de leurs lenteurs, ces princes ont trop de justesse dans esprit et trop de droiture pour ne pas reconnaître que la Suisse s’est trouvée lancée dans des perturbations extraordinaires par des circonstances à elle entièrement étrangères, et qui justifient, en même temps qu’elles expliquent les inévitables temporisations de ses gouvernans, ou plutôt de ses gouvernés. Je ne dois pas négliger de reconnaître ici que les ministres de la SainteAlliance n’ont jamais contesté à la Suisse son droit d’asile, et ne se sont élevés que contre l’abus auquel avait donné lieu l'exercice de ce droit.
L'ordre chronologique m’a forcé à ajourner jusqu'ici la réponse de la Diète au premier office signé Montebello, réponse dont j’ai déjà dit qu’elle n’avait voulu s’occuper qu'après s’être placée, selon ses propres expressions, sur /e terrain du droit.
Malheur aux Suisses qui pourraient lire cet admirable document sans être pénétrés de reconnaissance pour des mandataires qui se sont si bien élevés à la hauteur de leurs fonctions. Ce n’est pas seulement un chef-d’œuvre de dialectique ; c’est aussi un modèle d’éloquence; mais de cette éloquence qui part du cœur, et va droit à la raison. Jamais lutte plus noble entre la faiblesse qui se débat en s’appuyant sur ses droits, et Ja puissance qui essaye de se replier sur les priviléses de la force. Aussi n'est-ce