Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...
62 d'anarchie dans quelques-uns des actes qui viennent d'être signalés, et surtout dans les publications qui les suiyirent.
Mais un incident inoui est venu compliquer une situation déjà grave, et jeter un triste jour sur l’origine et la portée du changement déplorable qui semble s’accomplir dans la politique de la Suisse. Le complot dont le nommé Conseil a été l'artisan ou l'instrument, offrit une nouvelle preuve de l'incroyable perfidie des factions et de la mollesse non moins incroyable de quelques-uns des pouvoirs constitués. Un guet-à-pens a été concerté presque publiquement contre l'ambassade de France, et, chose plus étrange, il s'est trouvé des pouvoirs assez faibles, ou assez dupes, pour se rendre complices d’une manœuvre tramée par les ennemis de tout pouvoir. Quelques réfugiés semblent s'être proposé d'amener la Confédération à rétracter les principes, à désavouer les mesures énoncés dans le conclusum du 23 août, Le succès a dépassé toutes leurs espérances. Unacte de basse vengeance contre le représentant d'un grand Etat, conçu et accompli par quelques révolutionnaires, a été pour ainsi dire adopté par l'autorité légale comme une représaille de gouvernement à gouvernement.
On arrache ou on feint d’arracher à un aventurier , le poignard sur la gorge, de prétendus aveux. Ceux-là même qui l'ont pris pour instrument renouvellent entre eux une sorte de tribunal véhémique ; il est livré par cette justice occulte à la justice publique, qui se reconnaît régulièrement saisie, et qui accepte toute celte série de crimes secrels comme un commencement d'instruction, Une enquête est ordonnée, non contre les affiliés d’une association redoutable, mais sur les faits qu'ils créent et qu’ils dénoncent. Le Directoire défère cette enquête sans exemple à la Diète. Une Commission est nommée, et la Diète sanctionne par son vote les conclusions d’un rapport où les principes du droit des gens sont outrageusement méconnus. Ainsi les étrangers font la police, Les conspirateurs provoquent des arrêts, saisissent les autorités. Certes, la France peut le dire, le jour ou de tels actes s’accomplissent, c’est bien moins le respect du nom français que le sentiment de l'indépendance helvétique, qui est anéanti dans les Cantons qui n'ont pas craint de s'associer à de pareilles machinatons.