Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 397

absolument désert. Les plaisanteries ne tarissent pas sur ce jardin si respecté : Coblentz, l'Autriche, tels sont les noms dont on le désigne. Un jour, une dame, par ignorance, franchit le cordon fatal : aussitôt on la ramène sur la terrasse et, aux grands éclats de rire de l'assistance, on lui fait secouer avec soin cette poussière étrangère dont elle a souillé ses pieds.

Malgré la gravité des événements et l'inquiétude qu'ils devaient inspirer, tout respirait le calme, paraîtil: « Nous croyez-vous épouvantés, faibles, éperdus, écrit Mme X...? Revenez de votre erreur. Nous sommes fermes comme les rochers des Alpes, élevés comme les cèdres du Liban, et calmes comme les eaux d’un lac paisible. » (5 juillet.)

Le T juillet, l’on apprend que le directoire du département de Paris a suspendu Pétion de ses fonctions de maire pour n'avoir pas rempli son devoir le 20 juin.

A cette nouvelle, une grande émotion s'empare de la capitale ; on s’indigne de voir ainsi traité un homme vertueux, un « Aristide », un « Socrate », un homme qui, le 20 juin, a sauvé la vie à 20 000 âmes « qu’une « cour perverse voulait faire assassiner ». La municipalité demande à partager le sort de son chef. Les sections, les sociétés, le peuple crient : «Rendez-nous Pétion ! »