Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. ; 321 à balles sur la garde nationale. Les portes du château s'ouvrent, hérissées de canons, et lâchent une bordée sur le peuple. Les Suisses redoublent. La garde nationale avait à peine de quoi tirer deux coups; elle est criblée, le peuple fuit ; puis, la rage, le désespoir rallient tout. Les Marseïllais sont autant de héros qui font des prodiges de valeur. On force le château. La justice du ciel aplanit toutes les voies et les Suisses expient, par tous les genres de mort, la basse trahison dont ils sont les instruments. Toute la famille royale, jouet d'une faction sanguinaire, s'était réfugiée à l'Assemblée dans un moment favorable.

« C'était aujourd'hui, 10 août, que la contre-révolution devait éclater dans Paris. Toujours insensés, nos adversaires croyaient que la corruption des chefs d'une partie de la garde nationale, soutenue des royalistes avec leurs Suisses et tous les valets des Tuileries, feraient bonne contenance et étourdiraient les sans-culottes Sans armes. Ils sont confondus...

« Le peuple français à vaincu dans Paris l'Autriche et la Prusse. Ce jour, que deux ou trois aristocrates, que j'ai vus dans leur cave, m'avaient dit être celui qui allait les faire voler aux Tuileries, les en éloigne de dix mille lieues.

« Le peuple à tout brisé dans le château; il a foulé aux pieds toute la pompe des rois. Les richesses les plus précieuses ont volé par les fenêtres.

« Le Roi est au Luxembourg, gardé par le peuple. On