Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 551 de la place des Victoires, avait quitté Paris après cet exploit pour se rendre à la Rochelle. C'est de là qu'il écrivait à son ami pour lui raconter ses impressions de route :

« La Rochelle, 27 août 1792.

« Partout, mon cher Géraud, j'ai trouvé le pairiotisme fortement électrisé par la journée du 10, à jamais mémorable pour notre liberté. Pas un village qui n’adhérât et n'applaudit aux sages décrets de l'Assemblée nationale et au courage des Parisiens, pas un individu raisonnant qui ne fût convaincu de la nécessité de cette révolution, qui ne jurât une haine éternelle au sang des Bourbons et ne demandât la mort des iraitres.

« Voilà, mon ami, un des vrais plaisirs de ma route : à chaque relais l'on m'entourait, l'on m'interrogeait et chacun me souhaitait un bon voyage pour mes bonnes nouvelles. Le dévouement le plus étonnant anime les campagnes; un village de 1 500 habitants avait sur les frontières 200 hommes; c'est le rapport que me fit le maire du lieu. Depuis Orléans jusqu'à Poitiers c'était une procession continuelle de jeunes gens se rendant aux armées, en criant vève la liberté et bénissant le sort de les avoir choisis pour défendre la patrie. Si MM. Frédéric et Léopold avaient voyagé avec moi, ils eussent certainement été convaincus que c’est une bien grande folie de vouloir enchainer des Français et que pour éviter la propagation de nos heureux