Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 519 rente, qu'ils prenaient pour de l’insouciance, stupéfiaient ses gardiens.

« La nature de ces gens couronnés est véritablement différente de la nôtre, écrit une contemporaine. Ils sont sans âme; leurs repas, leur sommeil, rien n’a été dérangé; ils jouent au trictrac, et, insensibles dans une calamité qui nous pénètre d'horreur, ils semblent n'y pas penser.

« Louis dort et médite comme Vitellius; Médicis est fière comme Agrippine; ils attendent les Prussiens et les Autrichiens pour mettre à la raison cette canaille, qu'on appelle hommes improprement!. »

L'infortune de la famille royale n'a pu désarmer les haines accumulées et déjà s'agite l’idée de la peine capitale pour punir les crimes dont sont soupçonnés le malheureux monarque et son épouse.

« Le peuple désire le jugement de la Reine, raconte un chroniqueur, et il sera peut-être difficile de le faire attendre jusqu'à la Convention nationale. On pense aujourd'hui que, dans quelque temps qu'on la juge, elle échappera à la peine de mort. Louis XVI l'éviterat-il? Voilà une grande question. Les gens sages désirent qu'on se borne à le chasser honteusement de là France et à le laisser errer en pays étranger, afin qu'il serve d'exemple à tous les tyrans?. »

1. Journal d'une Bourgeoise. 2. Correspondance secrète par M. de Lescure,