Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

334 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

s’y presse, élégante et joyeuse. Le commerce est brillant, les étrangers abondent. Tous les visages portent l'empreinte de la cordialité. Dans tous les quartiers règne le même calme, la même tranquillité. Le promeneur charmé assiste souvent à des scènes qui rappellent les temps idylliques :

« Je suis allée aujourd'hui à la mairie, écrit Mme X. Mon Dieu, que le Français est gai et aimable! Il sème des roses partout. Il y avait là, pour le coup, des fédérés des quatre-vingt-trois départements, avec des violons basques; ils dansaient des périgourdines, des bourrées, des danses étrangères, avec une grâce, une légèreté, une gaieté charmantes; ils étaient dans la cour et paraissaient nouveaux débarqués; c'était leur débotté, et ils étaient tous si bizarres, que sûrement ils venaient de toutes les extrémités de l'empire !. »

Le 22, des jeux funèbres ont lieu aux Tuileries. Le cortège est magnifique, les décorations superbes; le soir il ÿ a une grande illumination et on entend une musique délicieuse. La foule est immense, tout Paris est là; il n'y à pas un instant de trouble, le peuple manifeste sa satisfaction par les cris incessamment répétés de : « Vive la Nation ! ».

Le Roi avait était enfermé au Temple avec sa famille. La dignité de son maintien et sa tranquillité appa-

1. Journal d'une Bourgeoise.