Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

JOURNAL D'UN ÉTUDIANT PENDANT LA RÉVOLUTION. 337 qu'une simple promenade militaire et qu'il ne rencontrera aucune résistance sérieuse.

Les nouvelles de l'invasion troublaient profondément les esprits; à Paris surtout, l'inquiétude agitait toute la population. On se disait, avec terreur, que l'on n'avait pas seulement à combattre l'ennemi étranger, mais encore et surtout l'ennemi intérieur, c'est-à-dire ces aristocrates, qui conspiraient depuis des années pour détruire la liberté, qui appelaient les armées étrangères à leur secours et se préparaient à leur ouvrir les portes de Paris. On se voyait environné des plus épouvantables trahisons; la cassette de fer, trouvée aux Tuileries, ne laissait plus de doute sur la connivence du Roi avec les traîtres. Un mouvement de la part des royalistes réunis à Paris, paraissait imminent et l’idée d'une réaction affolait les esprits. On parlait de rassemblements armés, de conspirations, on s'attendait à chaque instant à voir les contre révolutionnaires descendre dans la rue, délivrer le Roi et livrer la France aux émigrés et aux coalisès.

Le 26, la nouvelle se répand tout à coup que Longwy vient de capituler après un bombardement de quelques heures. La terreur s'empare de Paris; il devient évident pour tous que l'étranger a des intelligences partout, dans toutes les places et que, grâce à la trahison, rien ne pourra l'arrêter dans sa marche en avant.

« Cette prise de Longwy nous consterne et ranime