Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

338 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

les aristocrates, écrit la contemporaine. On voit clair comme le jour qu'elle est l'effet de la trahison.

« L'Assemblée nationale et le Conseil exécutif sont dans une activité permanente ; mais peuvent-ils réparer, d'un coup de baguette, l’œuvre ténébreuse d'une cour sanguinaire et de ses nombreux agents qui, depuis trois années, travaillent à notre perte et ourdissent la trame qui nous enveloppe aujourd’hui. On en a brisé bien des fils; mais il en reste assez pour faire répandre encore bien des flots de sang. »

Pendant que Paris est dans la consternation, où le plonge cette nouvelle inattendue, les royalistes ne peuvent dissimuler leur joie. Ils exultent et commettent mille imprudences, mille folies. Ils annoncent que les Prussiens seront dans huit jours sous Paris, qu'ils vont leur préparer des gîtes, que toutes les villes frontières feront comme Longwy, etc.

« Vraiment, dit Mme X.., j'étais avec tous les patriotes dané une espèce de consternation et d'indignation d'entendre des Français former des vœux impies contre des Français. Si leurs chers Prussiens ont encore un succès, ils rediront leurs sottises, et je ne sais pas ce qui en arrivera; car la patience des plus sages est à bout par leurs rodomontadesf. »

La foule n'était déjà que trop portée à accuser les aristocrates de tous les maux qui pouvaient fondre sur

1. Journal d'une Bourgeoise.