Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

540 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT des canons, des hommes armés ; des affiches menacantes à tous les coins de rue.

La capitale est encore sous le coup de la trahison de Longwy, quand elle apprend que les campagnes des Deux-Sèvres ont pris les armes, que le Morbihan s’est soulevé, que Grenoble est en insurrection. De tous côtés arrivent des nouvelles désastreuses qui augmentent encore le trouble des esprits et les terreurs de l'avenir.

Le Comité de défense générale, établi dans l'Assemblée, se réunit au Conseil exécutif pour aviser aux mesures à prendre dans les circonstances critiques que l'on traverse. Plusieurs sont d'avis que rien ne peut arrêter la marche des Prussiens sur Paris, que leur arrivée sous la capitale est imminente et que le gouvernement doit se retirer en province pour y organiser la résistance.

Danton prend la parole :

« On vous propose, dit-il, de quitter Paris. Vous n'ignorez pas que, dans l'opinion des ennemis, Paris représente la France, et que, leur céder ce point, c’est leur abandonner la Révolution. Reculer, c'est nous perdre. Il faut done nous maintenir ici par tous les moyens, et nous sauver par l'audace.

« Parmi les moyens proposés, aucun ne m'a paru décisif. Il ne faut pas se dissimuler la situation dans laquelle nous a placés le 10 août. Il nous a divisés en républicains et en royalistes, les premiers peu nom-