Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 549

timent de terreur. Vergniaud, cet homme trop souvent plongé dans le sommeil de l'indifférence et dans une honteuse et coupable inaction, Vergniaud stimulé, inspiré par l'urgence des circonstances, par le danger imminent de la chose publique, a manifesté la plus haute énergie : il a ébranlé par le discours le plus fort, le plus pressant, le plus étincelant, l'Assemblée tout entière qui, sur-le-champ, a décrété plusieurs grandes mesures, dont une des plus remarquables est de faire sonner le tocsin par toute la France. Ge tocsin ne sera point le signal de l'alarme, mais celui de la charge, mais un signal de mort pour les ennemis. On a lieu d'en attendre le plus heureux effet. Ce bruit inquiétant et lugubre intimide d'abord le soldat ennemi, jette ensuite peu à peu, et comme à son insu, le trouble et l’effroi dans son cœur ; bientôt son imagination égarée ne lui offre plus, de tous côtés, que de nouveaux sujets de terreur et de fuite, et souvent l'on a vu des partis de paysans mettre en déroute des escadrons entiers qu'un tocsin continuel et soutenu avait ainsi épouvantés. D'un autre côté, les coups retentissants et multipliés des cloches de tous les villages rassemblent les cultivateurs, leur annoncent le danger, les animent et les font voler au combat.

« L'union, la concorde, les sentiments d'égalité, de fraternité régnent plus que jamais dans la capitale. La nouvelle du danger que courait Verdun a rempli d’ardeur tous les citoyens; chacun veut voler à l'ennemi.

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