Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

394 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

qui organisait les gardes nationales volontaires et les engageait pour un an, on ne trouva d'autre peime à infliger à ceux qui quitteraient le service avant la fin de l’année que de les priver pendant dix ans de l'honneur d'être soldats !

« Paris, 6 septembre 1792.

« Le patriotisme est dans son triomphe, les enrôlements, le départ des enrôlés, donnent une nouvelle vie à la capitale et une telle activité au commerce que les marchands doivent redevenir patriotes. La gaieté et la sécurité marchent au bruit du tambour. On ne voit que fédérés, on n'entend que musique militaire. Les rues sont remplies de cette immense population, qui fait toujours croire que tout l'univers est dans Paris, et partout on crie à tue-tête : Vive la Nation! Nous n'avons pas l'air d'un peuple menacé, ni d'un peuple abattu; mais d'une grande famille qui est en liesse. Si l'on se fait de la Capitale une autre idée, on ne connaît pas les Français !. »

Ce singulier état d'esprit, cette étrange quiétude, celte sérénité imperturbable que nous voyons se poursuivre depuis trois ans au milieu d'événements qui, à distance, nous paraissent encore si émouvants et si troublants, ne seront pas modifiés, même aux heures les plus terrifiantes de cette sinistre époque.

À. Journal d'une Bourgeoise.