Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 395

« Tandis que les Prussiens étaient en Champagne, écrit Mercier, qui ne croirait pas que l'alarme la plus profonde fût alors dans tous les esprits? Point du tout ; les spectacles, les restaurateurs également pleins, n'offraient que des nouvellistes tranquilles. Toutes les menaces orgueilleuses des ennemis, nous ne les entendions pas. La capitale s'était toujours crue inattaquable, à l'abri de tous les revers des combats.

« Jamais le peuple ne fut intimidé, ni. ni par la fuite du Roi, ni par la prise de Verdun, ni par les manifestes de tous les rois de l'Europe... Tandis que dans l'Europe entière on disait : « C'en est fait de « Paris! Füt-ce le dernier des Bourbons, on en remettra «un sur le trône, » le peuple n'imagina point la possibilité d'un danger. Il vit de sang-froid l'érection d’un tribunal révolutionnaire, il continua d'aller paisiblement à l'Opéra. Le rideau se leva exactement à la même heure, soit qu'on coupât soixante têtes, soit qu'on n’en coupât que trente. »

« Je ne me mêle pas des affaires du ménage», disait cet homme auquel on venait annoncer que le feu était à sa maison, Voilà ce que disait chaque boutiquier lorsqu'il apprenait les exécutions du jour ou du lendemain‘. 1. Mercier (Paris pendant la Révolulion).

Dans notre jeunesse, nous avons entendu raconter par un témoin oculaire que même pendant la Terreur la vie sociale se continuait comme aux époques paisibles et on nous en citait un