Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

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plices des fureurs d'une faction sanguinaire qui veut ‘dominer par la terreur et se venger par des massacres; tels sont les motifs estimables de ces vrais républi‘cains. Plusieurs d'entre eux (et je le sais de bonne part) avaient juré de poignärder l’infime Robespierre s'il parvenait à ses fins. Car qu'on ne croie pas que cette dictature soit un monstre fantastique inventé à dessein : le projet a existé, existe encore aujourd'hui et existera tant qu'il y aura des troubles et des convulsions dans l'intérieur. Oui, la France a été menacée d'avoir pour nouveau dominateur un Robespierre et un Marat peut-être; car qui peut savoir où se serait arrêtée cette coalition d'assassins ?

« Mais je me trompe, ceux qui portent la patrie et la liberté dans leur cœur, ceux qui ont juré la mort des tyrans et qui s'inquiètent peu de la recevoir, pourvu qu'ils la leur donnent, ceux-là, dis-je, auraient : su arrêter ces projets désastreux : les poignards étaient prèts, ils n'attendaient plus que leurs victimes.»

Quelle différence entre Paris et la province! Combien il est regrettable que la capitale ne suive pas l'exemple qui lüi est donné! Combien il faut déplorer que les perspectives si brillantes de l'avenir soient assombries par les projets d'hommes néfastes :

« 16 octobre.

& Au milieu des succès brillants dont jouit notre République, l'âme est peinée de ne pouvoir s'adonner