Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

366 LE JOURNATI, D'UN ÉTUDIANT

entre ses mains; voilà bien des sujets de tristesse sans compter que le peuple de Paris est égaré et suit aveuglément des principes qui, s'ils duraient, l’entraineraient à sa perte. Mais espérons qu'il sera désabusé, qu'un jour, il punira ses nouveaux tyrans, et qu'enfin, rendu sage par l'expérience, il ne se livrera pas inconsidérément à quiconque fera semblant de prendre avec zèle ses intérêts. »

On a compris maintenant ce qu'ont été les massacres de Septembre, on sait combien de têtes innocentes sont tombées sous le fer des bourreaux. Ces forfaits, qu'on a approuvés avant de les bien connaître, excitent maintenant une réprobation générale. On redoute le retour de pareilles atrocités, on se demande avec terreur S'il faudra encore assister à ces scènes qui font rougir l'humanité.

« 11 novembre.

« Papa, voici un tableau trop vrai de la situation de Paris. Je ne doute pas que cette ville ne soit avant peu livrée à de nouvelles horreurs.

« Je désirerais bien que les Bordelais vinssent ici se joindre aux Marseillais; tout nécessite cette démarche. Pourquoi faut-il que ces derniers les devancent toujours dans ce qui peut être utile aux intérêts de la République?

« L'état de Paris devient de plus en plus alarmant; des scélérats qui respirent le crime et suent l'assas-