Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

370 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

les portes du château des Tuileries, et doit-on craindre de se livrer à une démarche illégale pour sauver Paris, lorsque tant d’autres ne craignent pas d'accumuler les infractions à la justice pour le perdre? Ce faux système de modération ne tend qu'à nous plonger dans un abime de malheurs interminables. »

Alors que la situation intérieure offre des perspectives si désolantes, la République voit sur les frontières tous ses ennemis disparaitre les uns après les autres.

Pendant le mois de septembre Dumouriez a sauvé la France : l'armée de Brunswick, qui s'avançait menacante, est battue et démoralisée. Le 3 octobre, une lettre de Dumouriez à la Convention annonce que les troupes austro-prussiennes ont repris le chemin de la frontière.

Cette nouvelle provoque dans Paris une véritable ivresse de patriotisme. La joie est d'autant plus grande que les craintes ont été plus vives, la terreur plus profonde. À l'Opéra a lieu une scène grandiose et vraiment émouvante. Tous les acteurs réunis sur la scène s'agenouillent devant la Liberté, sous les traits de Mile Maillard; puis ils entonnent cette Marseillaise qui a conduit nos troupes à la victoire. Le parterre, les loges, la salle entière écoutent également à genoux.

Après ces vers :

« Que tes ennemis expirants « Voient ton triomphe et notre gloire, »