Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 311

les tambours battent, le tocsin sonne, une foule armée de piques et de haches envahit la scène et tous reprennent en chœur le célèbre refrain.

Les mêmes scènes se renouvellent presque chaque soir et il en est de même dans les autres théâtres. L'enthousiasme patriotique n'a plus de bornes.

Ravi de ces succès inespérés, Edmond écrit à sa famille :

Paris, 30 septembre, an I.

« La vigueur avec laquelle nos troupes acculèrent à Spire, contre le Rhin, les troupes mayençaises, le courage et l'ardeur qu'elles ont montrés pour escalader Mayence, la bravoure des volontaires de la CharenteInférieure qui ont chargé 1500 Autrichiens et les ont débusqués du poste important qu'ils occupaient; tous ces. traits sont de grands arguments contre ceux qui nous répétaient sans cèsse qu'au premier coup de fusil de l'ennemi, nos gardes nationaux fuieraient en jetant leurs armes, que nos soldats de ligne, étant très indisciplinés, seraient battus complètement. S'ils avaient été plus sensés, ils auraient dit : « Nos troupes « étant commandées par des généraux vendus à la « cour, elles seront presque toujours battues, parce « qu'elles seront conduites dans de mauvais postes ou « opposées à un ennemi infiniment supérieur en nom« bre, etc. » C'est alors qu'ils auraient eu raison, mais à présent que l'esprit du soldat est débarrassé des