Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
92 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT.
semble écouter Ulysse haranguant les Grecs; c'est auprès de lui qu'on peut à la fois se former le goût, l'accent et le style.
« Sa leçon finie, je retourne à la maison et j'étudie les mathématiques jusqu'à midi. M. Terrier, revenu alors de l'Hôtel-Dieu, corrige mon analyse; à deux heures on apporte le diner, sur lequel nous nous jetons comme firent jadis les inciviles Harpies sur le repas du pauvre Énée. Nous partons vers la promenade, qui est ordinairement le Luxembourg. Notre course finit à quatre heures. Une fois rentrés, nous rallumons le feu et travaillons jusqu'à huit heures. Je repasse Horace et Tacite. Nous soupons légèrement et nous nous couchons. Les jours où M. Sélis ne donne pas de classe, le mardi et le vendredi, je vais à l’Académie Royale de dessin qui est gratuite. »
M. Terrier, de son côté, ne se bornait pas à compléter l'éducation de l'élève qui lui avait été confié, il se rendait chaque matin à la Faculté de Médecine et de là à l'Hôtel-Dieu pour achever ses études.
La Faculté de Médecine remontait au moyen âge; ses cours avaient lieu dans un grand amphithéâtre construit en 1744 près de l'Hôtel-Dieu !.
Les détails que Terrier nous donne sur l’Hôtel-Dieu font frémir d'horreur. Le spectacle qu'offre cet hôpital est réellement déchirant, même pour un médecin
4. Le titre de docteur coûtait six mille livres.