Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

42 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT :

C'était la réconciliation complète du roi et de la nation. L'Assemblée accueille par des acelamations sans fin les paroles du monarque et elle y répond en prêtant le serment civique.

Edmond se hâte d'annoncer à son père ces graves incidents qui ont provoqué dans Paris un enthousiasme indescriptible : aux veux de tous, c’est la fin des discordes qui, depuis plus d'un an, bouleversent le pays, c'est l'avènement de l'âge d'or :

« Le 5 février 1790. « Papa,

« J'avais résolu de te parler de l’Académie de dessin, mais je vais t'entretenir de choses bien plus intéressantes. Jamais les Français ne recevront de plus agréables nouvelles : la prise de la Bastille, Paris et la France sauvées, l'arrivée du roi dans sa capitale doivent céder le pas à celles-ci. Les esprits sont ici dans le plus grand ravissement, l'ivresse de la joie éclate sur tous les visages.

« Louis XVI, ce monarque citoyen, si digne du nom de roi des Français, s’est rendu à l’Assemblée nationale sans cérémonie. M. le Président (Bureau de Puzy) a été à sa rencontre, accompagné d’un certain nombre de députés; à peine le roi, précédé de ses ministres, a paru dans les salles, que tous les députés et les spectateurs se sont levés et, par l'expression la plus touchante de leurs cœurs, l'ont assuré combien ses