Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
PENDANT LA RÉVOLUTION. 59
Et c’est là que ces messieurs, s'empiffrant de maints jambons et autres victuailles, bravaient tranquillement le vent et ses efforts. »
Le jour de la Pentecôte, nos deux amis font la partie d'aller visiter Saint-Cloud et d'y voir jouer les eaux dont on leur a fait des descriptions enthousiastes. Ils se rendent à pied par la barrière de l'Étoile et arrivent à Neuilly, où ils visitent les célèbres jardins de M. de Saint-James:; on leur fait admirer les grottes, les souterrains, les cascades, les ponts, les pavillons chinois, pour lesquels on a prodigué l’or à pleines mains; ils parcourent des serres immenses, remplies de plantes merveilleuses et de fruits inconnus dans nos climats; ils restent stupéfaits devant de véritables champs d'ananas, etc. Ces jardins surpassent de beaucoup Bagatelle et tout ce qu'ils ont encore vu dans ce genre.
Ils traversent le pont de Neuilly, qui passe pour le plus beau de l'Europe, et arrivent à Suresnes, où ils prennent un repas bien gagné. Après leur déjeuner, et malgré une chaleur extrême, ils se dirigent vers Saint-Cloud, où ils arrivent péniblement; là les attend une cruelle déception : les eaux ne jouent pas!
Le dimanche suivant, Edmond et Terrier renouvellent leur tentative, mais cette fois après avoir pris soin de se renseigner et s'être assurés que leur déplacement ne sera pas infructueux.
Au lieu de prendre la route de terre, ils imaginent,