Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. ôl

sembla un peu confuse, je crus m'apercevoir que les nappes et les jets d'eau étaient trop entremêlés ; l'art ne me parut pas assez fondu avec la nature. Les statues, les groupes, les eaux, sont disposés avec le plus grand goût, avec la plus grande élégance. En dehors de la cascade, il y a deux cents gerbes d’eau, cinquante jets sans bassin et enfin une trombe de quatre-vingts pieds de haut, dont l'effet est merveilleux. « Ces ruisseaux, ces torrents qui s'élancent impérieusement du sein d'une terre parsemée de fleurs et d'herbes toujours fraiches, ces fontaines qui semblent sortir du corps des sphinx, des lions, des dauphins, des grenouilles, ete., tout cela me parut admirable. » Les arbres touffus et élevés donnaient une fraicheur délicieuse. Des terrasses l’on dominait les cascades et les allées d'arbres, le coup d'œil était ravissant. Une superbe orangerie, magnifiquement entretenue, complétait ce séduisant séjour. Émerveillé de tout ce qu’il voit, Edmond ne peut s'empêcher de faire cet aveu, qui coûte cependant à son amoOur-propre provincial : « Les environs de Paris sont infiniment plus beaux que ceux de Bordeaux! » Et il ajoute ingénument: « Que dirai-je quand j'aurai été sur la butte Montmartre! » Saint-Cloud a tellement enthousiasmé nos VOyageurs qu'ils y retournent encore le jour de la fête. Q IL y avait un monde innombrable, on ne voyait de tous côtés que danses, baladins, marchands, voi-

4