L'atomisme d'Épicure
Puisque, comme nous avons essayé de le démontrer, Epi-
_ cure était d’abord certainement attiré par la doctrine morale
de Démocrite, il a adopté aussi ses vues physiques, croyant qu'une explication mécanique des causes de la nature seule peut radicalement guérir les hommes de la superstition et leur procurer la paix. C’est pourquoi il a construit un système physique très développé, en s'appuyant sur Démocrite (par le
cure (Cf. DL. 427,198; k. d. 26,29,50; Vat. 20), et à son commandement de satisfaire les désirs naturels et nécessaires (CF. Vat. 21,55; Stob. Flor. XVII, 24). Le fr. 284 de Démocrite qui aflirme que se contenter de peu signifie faire de la pauvreté, la richesse, correspond parfaitement au 25 maxime de Vat. d'Epicure. Le fr. :46, où le philosophe d'Abdère pense que la vie à l'étranger enseigne la modération, et que là-bas un morceau de pain et un peu de paille sont un bon moyen d'apaiser la faim et la fatigue, ressemble à la déclaration dIpicure que l'eau et le pain ordinaire lui suffisent, et qu'il fait un repas sompfueux avec un peu de fromage (D:114):
En un mot, la tempérance, la mesure. l'hanmonie dans les plaisirs étaient indispensables pour la vie heureuse (après Démocrite, aussi bien que d'après Epicure.
Dans le fr. 3 Démocrite parle contre la participation aux affaires de l'Etat : Epicure pensait de même que pou un sage il est mieux de rester éloigné des affaires publiques (Cf Epikt. iliss. I, 25,5).
Dans les fragments 51 et 187 l’'Abdéritain élève l'âme au-dessus du corps, dans les frs 170 et 474 il localise le bonheur et le malheur dans l'âme. Pour Epicure aussi, les plaisirs de l'âme sont au-dessus de ceux du corps (Cf. D.L. 437 ; Cic. Tusc. N, 35,95 : © Omnia iucunda, quamquam sensu corporis iudicentur. ad animum referri tamen »). Ici on remarque le mieux la différence entre la conception du plaisir d'Epicure et celle des cyrénaïques, pour lesquels les plaisirs du corps étaient ;lus importants que ceux de l'âme. Epicure considérait de même, par opposition aux cyrénaïques, les douleurs de l'âme comme plus graves que les douleurs corporelles (D.L: 437).
Parmi toutes les relations humaines l'amitié était la plus estimée par Démocrite aussi bien que par Epicure. Le premier considérait que l’homme qui ne possède pas un bon ami n'est pas digne de yiwe (le fr. 99). Epieure disait que de tous les biens de la vie l'amitié est Je lus grand (k: d. 97), et que la sagesse est un bien-mortel, tandis que l'amivé est un bien immortel (Vat. T8). La conception de l'amitié d'un atomiste, aussi bien que celle de l’autre, était utilitaire, quoique éminente (Cf. le fr. 107 de Démocrite avec les maximes 23 et 59 de Vat. et k. d. 28). Il est intéressant que ce soient deux matérialistes qui ont attribué une haute valeur à amitié (Cf. les frs de Démocrite 97-404, 106-107a, 109 et 186, avec DL: 1941: Vat: 56 et 28).
Enfin, Démocrite et Epicure avaient une fendance commune à s'élever définitivement au-dessus de tout ce qui provoque le {rouble et l'embarras dans la vie. Aprés la lecture des fragments moraux de ces deux philosophes on a l'impression que l’un continue de marcher sur le chemin que l’aulre avait (racé dans la Morale.