L'atomisme d'Épicure
Deep
Pour éviter cette conséquence absurde, il faut reconnaître qu'il existe des minima qui ne sont plus divisibles (1).
Il est donc évident qu'Epicure, outre la réfutation de la divisibilité physique à l'infini de la matière, repousse aussi sa divisibilité mathématique. Il nie qu'il soit possible de déplacer des parties à l'infini dans un corps fini; de même il nie que les parties dont la petitesse s'accroît à l'infini peuvent être déplacées dans un corps fini (2).
Epicure insiste expressément sur ce que l'atome ne pourrait pas résulter des combinaisons de ces minima, sils avaient un mouvement propre (3). Le minimum de l'atome n'a Jamais existé et n'existera jamais seul, étant la partie intégrante et l’unité première d'un autre élément (4). Si la nature résolvait tout en parties qui sont les plus petites, (5) en minima de l'atome, elle ne pourrait plus rien former avec eux. Car étant sans parties, les minima ne peuvent avoir des qualités sans lesquelles rien ne peut être formé (6). À la plus
(1) Cf. De R. N. I, 615-626. Nous trouvons encore chez Hume une idée pareille. « Tis evident, that existence in itself belongs only to unity, and is never applicable to number, but on account of the unites, of which the number is compos d... ‘Tis in vain to reply. that determinate quantity of extension is an unite : but such-a-one as admis of an infinite number of fractions, and is inexhaustible in its sub-divisions. The whole globe of the earth, nay the whole universe, may be consider d as an unüty. » (Quvr. cilé,
p. 511-518).
@) DL. 56. (5) DL. 59.
(4) De R. N. I, 662-604. « Nec fuit umquam per se secretumi neque posthac esse ualebit, alterius quoniamst ipsum pars primaque. »
(5) Les vers de Lucrèce : « Denique si minimas in partis cuneta resolui eogere consuesset rerum natura creatrix.. » (1, 628-629), M: Ernout traduit littéralement: « Enfin si la nature créalrice de toutes choses avait pour habitude de forcer tout à se résoudre en parties infiniment petites » (De la nature, 1 tome, p. 27). M. Robin, dans son commentaire de vers 698, explique l'expression minimae partes de la manière suivante : « Ce ne sont donc pas des parties infiniment petites, mais les parties Jes plus petites possibles, donc finies ». La traduction de M. Ernout, quoique exacte, ne rend pas claire Ja pensée de Lucrèce, resp. d'Epicure.
(6),Cf. De R. N. I. 628-654. La traduction de ces vers de Lagrange est complètement erronée. © Enfin, si la nature, en détruisant les êtres, ne