L'école de village pendant la Révolution

80 CHAPITRE IV.

les écoles, si elles étaient bâties de pierre ou de brique, n’en étaient ni plus vastes ni plus aérées. Si en Flandre, à Neuf-Berquin, on dépense jusqu’à 1640 florins pour reconstruire une maison d’écolet, si l’on cite dans un village de Champagne des écoles qui avaient renfermé jusqu’à cent écoliers et vingt pensionnaires ; la plupart d’entre elles étaient beaucoup plus humbles. Un village du département actuel de l'Eure en construit une qui ne lui coûte que 700 livres. Mais quelle maison ! Le plancher est formé « de terre franche », et les fenêtres ont deux pieds de haut sur dix-huit pouces de large. Si elles ont des volets*, je doute qu’elles soient garnies de vitres. Ces tristes demeures, que le recteur d'école partageait parfois avec le berger communal, auraient été aliénées sans regret, si elles avaient pu être remplacées par d’autres. Mais il n’en était pas toujours ainsi. Une commune de la Haute-Marne s’avisa de vendre en 1795 sa maison d'école, qui était entourée d'un jardin, moyennant 3,065 livres en assignats, dont la valeur en numéraire était de 55 liv. sous. Elle fut obligée de la racheter en 1806 à beaux deniers comptants. Beaucoup d’autres communes furent également imprudentes. Il leur fallut de longues années et de lourds sacrifices pour se pro-

4 De Fontaine de Resbecq, p. 207.

2 Merlet, De l'Instruction primaire en Eure-et-Loir, Chartres, 1877, p. 30.