L'oeuvre sociale de la Révolution française

98 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tous les propriétaires, à commencer par lui-même.

Il y avait donc incontestablement, vers la fin de la Révolution, des hommes qui rèvaient une vaste réorganisation de la société et qui considéraient que le 9 thermidor, puis la Constitution de l'an II, avaient arrêté le progrès nécessaire. La Révolution, disait, dès 1791, le journaliste Prudhomme, « est une vérilable loi agraire mise à exécution par le peuple ». Babeuf la regardait comme « une guerre sociale entre les plébéiens et les patriciens, entre les riches et les pauvres ». Ses disciples, en 1796, pensaient avec lui : « La Révolution, qui devait rétablir l'égalité, n’a fait jusqu'ici que remplacer une bande d'anciens coquins par une foule de coquins nouveaux. » Ils allaient travailler à la rendre à la vraie destination.

L'ampleur du mouvement babouviste ne doit d'ailleurs pas être exagérée. Il résulte des débats du procès qu'un grand nombre des soi-disants conjurés ne soupçonnaient pas mème les idées radicales de leur chef; afin d'augmenter le nombre de ses adhérents, Babeuf ne leur avait révélé sa doctrine que dans la mesure où il pensait ne point risquer les effrayer ; et la plupart ne voulaient rien d’autre que la Constitution de 1793. Les conjurés furent moins nombreux, et le projet d’insurrection fut moins précis que ne le crut, ou que ne voulut le faire croire le Directoire. Il est certain toutefois que les