L'oeuvre sociale de la Révolution française

104 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANCAISE

Révolution n'eurent rien de socialiste dans la pensée de ceux qui les ordonnèrent; ils le furent pour ceux qui les subirent, et montrèrent comment, sans énoncer de principes absolument subversifs, une classe pouvait en déposséder une autre.

Et cela nous amène à marquer ce qui constitue, sans doute, l'importance capitale de la Révolution dans l’histoire du socialisme. Avant 1789, les questions relatives à la propriété étaient au second plan. Avant de critiquer les bases mèmes de la société moderne, il était naturel de s’en prendre à une foule d'abus de tout genre, qui, plus visiblement, écartaient l'homme du bonheur. La Révolution les abattit : elle supprima les privilèges, les inégalités civiles, une foule d'institutions parasites de tout genre. La félicité universelle ne résulta pas de ces réformes. Alors, tandis qu'à mesure qu’elles se multipliaient, le nombre s'accroissait de ceux qui criaient à l'attentat contre les propriétés, il naquit chez quelques hommes politiques la conviction que c'était précisément dans la propriété et dans l’inégalité des biens qu'il fallait chercher l'origine des maux de l'humanité. La Terreur parut aux riches et aux modérés le signal de la catastrophe sociale dernière ; elle sembla à une partie des pauvres et des exaltés le prélude d'une ère nouvelle.

La réaction thermidorienne l’arrêta; le Directoire

écrasa la conspiration de Babeuf; il ne réconcilia