L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 77 voirs et à l'institution d'une démocratie agricole. » Le gouverneur Morris, représentant des État-Unis à Paris, considérait que cette révolution était en train de s’opérer.

Après la chute de Robespierre, ce fut un concert unanime. Les anciens terroristes eux-mêmes, Sénart, Vilate, Barère, se reprochèrent mutuellement d’avoir voulu la loi agraire. Les thermidoriens couvrirent d'imprécations «ces systèmes dictés par l’immoralité et la paresse, qui atténuent l'horreur du larein et l'érigent en doctrine ». Un chœur indigné d'écrivains de toutes nuances dénoncèrent les tendances qui avaient failli perdre la France et dont la conspiration de Babeuf fut regardée comme la dernière expression. Il faut lire les écrits de l'abbé Barruel pour comprendre à quelle révolution certains hommes pensèrent avoir échappé après avoir failli y être engloutis.

Beaucoup d’historiens se sont fait les échos de ces conceptions. Pour ne prendre qu’un illustre exemple, Taine n’est pas loin de considérer la Révolution française comme un immense soulèvement contre la propriété : la philosophie du xvur° siècle a battu en brèche toutes les bases de de la société; dès 1789, une « anarchie spontanée » se déchaîne par toute la France ; les tendances les plus subversives animent les premières assemblées

et s’épanouissent sous la Convention; le parti jaco-