L'oeuvre sociale de la Révolution française

88 L'ŒUVRE SOCIALE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tion sociale, mais bien une impulsion personnelle, du moment qu'il ne procède pas d’une théorie consciente. Un chien qui vole un os n’est pas un socialiste, pas plus qu'un affamé qui vole un pain. L'histoire des mouvements et des idées populaires sous la Révolution est encore (très mal faite. Mais dans ceux que nous connaissons, le babouvisme mis à part, il est impossible de trouver aucune trace de socialisme. La faim, la misère, la colère, la défiance, des motifs politiques, les engendrèrent. Les paysans qui se ruaient, dès 1789, à la destruction des châteaux, pensaient recouvrer leur propriété longtemps méconnue, ou obéissaient à un entrainement aveugle. Les émeutiers qui pillaient les boulangers et égorgeaient les épiciers étaient poussés par la famine, non par une idée sociale. Ceux qui criaient : « Mort aux accapareurs ! » voulaient qu'on frappât les capitalistes non comme riches, mais comme aristocrates et ennemis du peuple. Le peuple des campagnes, et même celui des villes, est lentement pénétré par les théories ; des doctrines aussi nouvelles et aussi peu répandues ne pouvaient guère se faire jour en lui dans ces temps de souffrance aiguë et d’agitation quotidienne. A part une infime minorité, où se recrutèrent les partisans de Babeuf, le peuple semble être resté étranger à une conception nouvelle de la société, et ne fit que suivre ses impulsions ou obéir aux déclamations