L'oeuvre sociale de la Révolution française

LE SOCIALISME ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE 89 grossières de quelques émeutiers. L'agitation des villes et des campagnes fut, dans de grandes proportions, mais sans rien d'original, celle qui est inséparable de tout grand mouvement politique. En l'absence de documents plus probants, il n’est pas permis à l'historien de l'interpréter autrement. È

Une autre catégorie de faits mérite de retenir davantage son attention : Je veux dire certains décrets rendus par les assemblées révolutionnaires, et qui, parfois, semblent véritablement inspirés par un sentiment égalitaire où communiste. Pour en comprendre la signification exacte, il faut se rappeler que les pouvoirs de la Révolution furent les héritiers de la monarchie de l’ancien régime, el que celle-ci s’arrogeait sur les biens des droits beaucoup plus étendus que ceux d'un gouvernem ent libéral moderne. La théorie de la «directe féodale » protège aussi peu les biens des particuliers que celle de Rousseau; de tout temps, la nécessité publique et la raison d'État avaient paru légitimer les mesures les plus radicales. Bien des actes législatifs de la Révolution, qui semblent procéder d’une pensée socialiste, ne sont qu'une application des habitudes gouvernementales de la monarchie; pas plus qu'elle, les pouvoirs révolutionnaires, en les accomplissant, ne songeaient à porter atteinte à la

propriété individuelle. Les émigrés furent dépouil-