L'Unité yougoslave : manifeste de la jeunesse serbe, croate et slovène réunie

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nettement distincte, comme il va par exemple, chez les Allemands, des Bavarois et des Saxons. Les nuances de dialecte ne coïncident même pas avec ces dénominations de Serbes, Croates, Slovènes. Et toujours les petits Etats, conscients de leur identité de race comme le sont aujourdhui la Serbie et le Montenegro, ont mis leurs efforts en commun, sans j amais les opposer. Et chaque fois qu'ils réussirent à s'unir, on vit toute différence de nom aussitôt disparaître.

Si cette division politique en trois lambeaux a pu persister jusqu'à présent, le fait est dû aux ennemis des Vougoslaves qui s'efiorcèrent de paralyser les tendances d'unification. Nous avons dit que cette livision correspondait au triple front de résistance nationale. À l'extrémité nord-ouest, l'Etat « slovène » luttait principalement contre les Germains. Au centre, l'Etat « croate » se débattait entre deux ennemis : d'une part les Vénitiens qui, pour leurs visées commerciales, convoitaient les ports de Dalmatie afin de se rendre économiquement maîtres de la contrée : d'autre part les Magyars, cherchant à se faire jour vers ces mêmes côtes. Enfin, sur le front oriental, l'Etat « serbe » avait pour rôle de repousser l'attaque principale, venue de Byzanc d'abord grecque, puis ottomane, et en outre de & défendre contre les Bulgares.

Hier encore, Serbes, Croates et Slovènes étaient engagés séparément dans cette lutte aux directions mulliples.

Fondé au vi siècle sous le roi Samo, l'Etat slovène s'écroule dès le ix° siècle devant les Bavaroïs, les Francs et les Magyars conquérants. Il fera partie de l'Empire d'Autriche jusqu’à nos jours. La période d'indépendance fut courte. Il nen est resté que le titre de « slovène » (qui signifie simplement : lave, en langue yougoslave). J usqu'aux temps COMtemporains, ce même nom de « slovène » demeurait employé partout où les noms de « serbe » et de « croate » n'étaient pas admis, par exemple en Sla-

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