L'Unité yougoslave : manifeste de la jeunesse serbe, croate et slovène réunie

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dit rapidement et revêtit bientôt un caractère politique, mais le gouvernement l'étouffa par la force.

En l'année 1848, tous les Croates et Serbes se soulevèrent à la fois pour s'affranchir du joug des Magyars. C'est le patriarche serbe Rayatchitch qui investit dans ses fonctions le ban Yelatchitch, chef de l’armée. Le prince poète du Montenegro, P.-P. Niegoch, le salua, tandis que la principauté de Serbie lui envoyait ses troupes sous les ordres de Stevan Knitchanine. Mais les mêmes combinaisons européennes qui avaient fait retomber l'Illyrie sous le joug autrichien, déjouèrent le mouvement de 1848. Le régime fut désormais despotique et mit tout en œuvre pour détruire l'accord serbo-croate. Cependant, en 1861, la Diète croate reconnut offciellement la langue « yougoslave » et établit l'équivalence des alphabets latin et cyrillique. L'évêque ‘Strossmayer, avec l'illustre F. Ratchki, fonda l’Académie yougoslave à Zagreb ainsi que l'Université — mais le gouvernement fit défense à celle-ci de s'appeler yougoslave. Strossmayer demeura toujours en relations suivies avec le prince Nicolas de Montenegro ainsi qu'avec le prince Michel, de Serbie, qui se proposait de réaliser l'unité nationale.

Un confit couvait avec l'Autriche. Dès 1850, le politicien croate Kvaternik affirmait que le salut de la Croatie était dans l’écrasement de l'Autriche, et sollicitait Napoléon m1 d'achever l'œuvre de Napoléon 1%. En 1871, il fut tué au cours d’une révolte

qu'il avait provoquée. Un soulèvement analogue .

avait eu lieu à Krivochie en Dalmatie, tandis que les Serbes de Hongrie soutenaient la lutte, conduits par Svetosar Miletitch.

En 1875, l'Herzésovine d’abord, puis la Bosnie, se soulevèrent pour se délivrer de l'oppression turque. Le Montenegro et la Serbie prirent les armes pour aïder leurs frères. Mais ici la désillusion fut plus cruelle encore qu’en 1848, et l'Europe en fui, une fois de plus, responsable. Par la décision du

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