La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon

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Philippe IT, Napoléon. » Napoléon, toujours le maigre Bonaparte de Gillray, nous le voyons dans le cirque, aux prises avec ce taureau furieux, le peuple espagnol, et lancé en l'air par ses cornes terribles. Comme specta| teurs les rois, le pape lui-même, dont les Anglais connaissent maintenant les vrais sentiments pour l’empereur, tous transportés de joie. Ainsi se traduisent les espérances qui, depuis 1808, vinrent fortifier les Anglais, un moment atterrés par la défection de la Russie. Malheureusement pour eux, ils crurent l'empire de leur ennemi facile à attaquer, et cette idée fausse leur inspira la funeste expédition de Walcheren. Leurs satiriques ne pouvaient manquer de lâcher un moment Napoléon pour s'en prendre aux organisateurs de cette tentative ridicule et lugubre : une armée anglaise mal nourrie, mal soignée, mal commandée, n’arrivant même pas devant la forteresse d'Anvers, son objectif, mourant loin du feu de l'ennemi, dans une île malsaine, de maladie et de misère.

Pour comble d'horreur, on avait dit quelques mois auparavant que les plus incapables des officiers devaient leur nomination à la corruption. Et quelle corruption, juste ciel! celle d'un fils de roi, complice d'une femme galante. Les complaisances du duc d’York pour M Clarke sont justement flétries, par le crayon comme par les discours parlementaires. Les commissions de capitaines et de colonels trainent sur le lit de la belle dame, dont l'ami se reconnaît facilement. Tous les personnages qui ont trempé dans ces malheureuses affaires sont plus ou moins maltraités. Cruikshank nous fait assister aux adieux du commodore Curtis et du ministre lord Castlereagh. Celui-ci pleure dans une barque le départ de son ami, qui le salue de la poupe de son navire,