La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon

LA CARICATURE ANGLAISE 509

où pendent une tortue et des légumes secs: allusions à sa lenteur et à ses mauvais approvisionnements. Voici enfin les résultats de la criminelle impéritie : une procession lugubre derrière les victimes, la Britannia en pleurs et toute une kyrielle d’invalides.

Dans la longue crise de trois ans qui mit tellement près de sa perte l'Angleterre asphyxiée par le blocus continental, la caricature milite en faveur de la diversion espagnole et de ses partisans, Wellington, Canning; ce dernier passe même pour avoir inspiré directement Gillray. Si Castlereagh a été attaqué, c'est en tant qu'adversaire de Canning : ces deux ministres ne viennentils pas de pousser leur antagonisme jusqu'aux extrémités d'un duel célèbre ? Par la suite lord Castlereagh, adversaire de Napoléon aussi résolu dans la diplomatie que Wellington sur les champs de bataille, est autant que lui respecté. On maltraite au contraire le premier ministre Perceval, anti-catholique pourtant et anti-napoléonien, parce qu'il voit de mauvais œil la guerre d'Espagne. Un personnage qu'on ne cesse pas de harceler depuis un quart de siècle, c'est le prince-régent devenu roi véritable par la folie définitive de son père. Lui aussi luttait résolument contre le grand ennemi; mais ni ses opinions, ni les succès de ses ministres ne désarment le crayon, qui se plait à l'entourer de sirènes mythologiques ou de femmes trop réelles. A aucun moment de sa longue carrière, celui qui s'appellera George IV n'a obtenu l'estime de son peuple.

Revenons à Napoléon et aux derniers efforts de la guerre. Gillray n'est plus là: l’intempérance, alors si répandue parmi les hommes distingués de l'Angleterre, vient d’éteindre son intelligence en attendant de le trainer au tombeau. Mais, dans son entretien de la Mort et