La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon

LA CARICATURE ANGLAISE 497

roi se rétablissant, le ministère Pitt plus fort que jamais, Fox et les whigs se sont vus réduits à suivre en pleurant «les funérailles de miss Regency.» Est-on pour cela très tendre au jeune et puissant ministre? Non, le crayon a l'habitude depuis quelques années de l’entreprendre sur ses réformes financières mal comprises; il continue à le railler avec peu de convenance sur sa maïigreur, sur son petit nez pointu et relevé; il le dessine en champignon, en mendiant de G+/ Blas, que sais-je encore ? Rien de tout cela n’est très haineux; et si l’on fait à ses dépens les charges qu'exige le métier, on serait bien fâché de renverser un grand homme aussi nécessaire. La preuve, c'est qu'on persécute avec acharnement ses adversaires, non seulement le parti Fox, mais le chancelier Thurlow, ami du roi, que Pitt finit par expulser de son ministère.

Quand les excès de la révolution se déchainent, les artistes anglais brossent ce tableau suivant une gamme rouge, crue et violente, conforme à leur génie naturel aussi bien qu'aux événements. De la guillotine régicide, le sang du meurtre monte fumant jusqu’au ciel. Ce ne sont que magistrats à la lanterne, prêtres massacrés, hideux festins de cannibales. Une «belle de Paris, » cest maintenant la tricoteuse qui excite et applaudit le bourreau. Que les Anglais, volontiers grondeurs, sachent donc regarder cela, se regarder eux-mêmes et jouir. Gillray et Cruikshank les invitent à cette comparaison par des dessins symétriques un peu différents. Le premier oppose ironiquement l'esclavage anglais à la liberté française : un gros Anglais se plaint en mangeant du rosbif des ministres qui ruinent la nation avec les taxes et qui asservissent le peuple, tandis qu’un maigre sans-

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