La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT

D + 2

Paris, le quatre juillet 1793, l'an second de la République francaise.

Lettre de Marat à la Convention nationale.

Citoyens collègues,

Je vous fais passer le bulletin contre-révolutionnaire affiché par le département du Jura et un compte rendu par Ferroux, député de ce département. Vous verrez, à la lecture, que ce membre indigne a mérité par ses perfdes impostures l'animadversion de l'assemblée, dont elle l’accueillera sans doute, avant que je la provoque. .

Les nouveaux dangers qui menacent la patrie m'imposent l'obligation d'éveiller votre sollicitude sur les moyens. de les conjurer.

Le plus éminent de tous est l'égarement des bons ‘

citoyens par les calomnies des meneurs de la faction des. hommes d'État et de leurs complices les directoires corrompus, qui ne cessent de pousser le peuple à la révolte, en colorant leur rébellion du faux prétexte que la Convention n'est pas libre, qu’elle gémit sous la tyrannie de la Montagne qui veut rétablir la royauté, en portant d'Orléans sur le trône : impostures d’abord propagées par les présidents ‘ des sections de Marseille, puis par les corps administratifs de l'Eure, du Calvados, de la Corse, etc.

Pour en détruire les impressions funestes, je renouveile: la motion que j’ai faite tant de fois, de mettre à prix la tête des Capets rebelles, connus sous les titres de Monsieur,

1. Calomnies d'autant plus perfides, que les sections de Marseille qui ont si longtemps répandu le bruit que d'Orléans avait conspiré Pour usurper la couronne, et qui peuvent le traiter aujourd'hui en criminel de lèse-nation, puisqu'il est entre leurs mains, se gardent bien de lui faire son procès; loin de lui faire un crime d'avoir voulu conserver la royauté, elles ne lui font aujourd'hui d'autre reproche que celui d'avoir voté la mort du despote. (Note de Marat)