La correspondance de Marat

12 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

parait-il, chargé de ratures. Ce que M. Jean-Bernard a communiqué à La Chronique médicale n’est donc, en définitive, qu'une traduction française du texte primitif.

Elle ne porte point de date. Elle fut certainement écrite à un moment où Marat s'occupait activement de médecine, c'est-à-dire dans une période antérieure à l’année 1788. D'autre part, il semble assez juste de la reporter aux environs de l’année 1782, Marat n'ayant encore perdu ni ses relations avec les savants anglais, ni sa connaissance de la langue anglaise, et éprouvant pourtant déjà quelques difficultés à s'exprimer en cette langue, comme l’indiquent ces mols : « J'aimerais bien mieux m’exprimer en français. »

Lettre de Marat à M. William Daly.

Décembre. Mon cher monsieur Daly,

J'ai promis de vous écrire aussitôt après mon arrivée à Paris. J'aimerais bien mieux m’exprimer en français; mais comme quelques-uns de mes amis, auxquels vous montrerez cette lettre, ne savent pas cette langue, et que je désire vivement me rappeler à leur souvenir, l ’ai résolu de faire un effort qui vous fera voir combien j'ai de respect, d'estime et d'amour pour vous fous. Je n’oublierai jamais les bontés dont vous m'avez comblé : elles sont gravées dans mon cœur, et ma reconnaissance durera autant que ma vie. J'ai remis votre lettre à M. Dubois, que je trouve un très digne et très aimable homme. Je lui ai dit combien je serais heureux de pouvoir m'aider de ses conseils dans les études dont je m'occupe; mais malheureusement pour moi il est sur le point de retourner à Bordeaux, sa ville natale. Cette circonstance est pour moi bien fâcheuse; car, après une courte conversation que j'ai eue avec lui, il m’a été facile de voir que c’est un homme très savant, et surtout dans la branche que je cultive, l’anatomie.

Si vous venez à Paris, vous me trouverez de l’ancien