La crise balkanique (1912-1913)

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force. Le Monténégro ne se départit pas de son calme, sous les canons braqués, mais impuissants, des Six grandes puissances européennes, les opérations de siège furent poursuivies; Scutari prise (1). A Vienne on perdit le sang-froid. Contre cet Etat d'un peu plus de 200.000 habitants — à peine plus grand qu'un arrondissement français — une démarche des Puissances suivie d'une démonstration navale, n’avaient rièn pu faire. Le « Ballplatz », sous forme comminatoire — ou presque — demanda aux Puis-sances, à la Conférence des Ambassadeurs de Londres, d'organiser un corps de débarquement dans le cas où les Monténégrins ne se décideraient pas à abandonner immédiatement la ville. Des démarches urgentes furent faites par les Puissances à Celtigné. Le gouvernement monténégrin répondit d’une façon dilatoire.

1. La chute de Scutari est un événement fort curieux. Il semble qu'une entente directe soit intérvenue entre le roi Nicolas et le gouverneur Essad-Pacha. Ce dernier n'était pas sans intriguer à ce moment pour poser sa candidature au trône dé l’Albanie autonome. Des conversations entre Essad et le roi

Nicolas à ce sujet peuvent avoir eu lieu. Plus tard on connaîtra la vérité. Le fait certain est que Essad, en obtenant les hon-

neurs de la guerre, put quitter la ville avec son armée 25.000 hommes — et alla se réfugier du côté d'Elbassam où il se proclama roi ou prince d'Albamie,