"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)

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CHAPITRE 11.

quait déjà qu’« en ce moment l’attention des littérateurs de tous les pays se tourne vers l’étude des monuments primitifs et des chants populaires :en France, continuait-on, M. Fauriel pour les Grecs; en Angleterre, Walter Scott pour l’Ecosse; en Allemagne, plusieurs philologues distingués et le grand poète Goethe pour les Servions, se sont livrés à des travaux qui seront tour à tour l’objet de notre examen, et dont la comparaison peut donner lieu à de curieuses observations sur l’origine et les progrès de la poésie 1 ». Un mois plus tard, le Globe présenta au public français un ouvrage «servien » qui venait de paraître àßude en Hongrie, ouvrage « intéressant sous plusieurs rapports » : Aventures de Selitsch, archimandrite de Krupa et ex-grand vicaire général des églises orthodoxes d’Orient dans la Dalmatie et aux Bouches de Cattaro. Ce livre est l’autobiographie d’un moine serbe qui, après avoir fait de nombreux voyages, les raconte à « sa nation bien-aimée 2 » ; la notice ne nous intéresserait pas si le Globe n’avait particulièrement attiré l’attention sur le point suivant : Outre le récit des événements de sa vie, le livre de Selitsch est encore remarquable en ce qu’il jette quelque lumière sur l’organisation ecclésiastique et la littérature nationale des Illyriens. Selitsch ne partageait pas le préjugé des moines ses confrères, qui regardent leur langue comme un misérable patois, et dont les plus savants n’écrivent qu’en latin. « Nous avons, dit-il, des poèmes que nous ne savons'pas apprécier, et notre langue est une des plus belles du

1 Le Globe, journal littéraire, paraissant tous les deux jours. Paris, mardi 21 septembre 1824. 2 II vit Napoléon à Compiègne à l’époque où les lois françaises vinrent bouleverser les institutions nationales des « Illyriens » ; il lui demanda la permission de retourner en Dalmalie. « Allez, lui répondit Bonaparte, et dites à vos concitoyens que je tiens d’une main la justice et de l’autre l’épée, pour’ récompenser les bons et châtier les méchants. »