"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)
PRÉFACE.
XI
souvent bien pauvre. Lisez, par exemple, ce froid apologue chinois d’où Voltaire a tiré une tragédie plus froide encore et lisez ensuite X Aubépine de Véliko, qui ouvre le volume de La Guzla. Quelle force concentrée ! Quelle brièveté effrayante ! Quelle profonde émotion sort de ce récit sans pitié et nous étreint à la gorge ! C’est véritablement un chef-d’œuvre et il y a bien d’autres chants dans La Guzla dont on pourrait en dire autant. Je ne m’en étais jamais aperçu aussi bien qu’après avoir lu le livre de M. Yovanovitch. J’ai vraiment devant moi maintenant celui qu’il définit « un grand poète sans imagination ». Oui, voilà bien ce qu’a été Mérimée pendant la première et trop courte période de sa vie littéraire, avant les salons, avant l’Académie des Inscriptions, avant la mondanité et l’archéologie : doué d’une vision sans égale, mais incapable de créer.
Augustin FILON.