"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LES ILLYRIENS AVANT « LA GUZLA ».

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du crédit même en 1856. quand on les reimprimera dans la seconde édition de ce répertoire. Vers la même époque, l’érudit Depping, qui écrivait au Bulletin des sciences historiques rédigé par MM. Champollion, qui savait les langues slaves, et de plus avait composé, en 1813, un article sur la poésie ragusaine pour les Annales des Voyages de MalteBrun, cite comme le meilleur spécimen de la poésie « morlaque »... Jean Sbogar de M. Ch. Nodier 1 . En 184-0. un écrivain polonais de talent, Christian Ostrowski, croit devoir dédier à l’auteur de Smarra un article paru dans la Revue du Nord, sur le poète ragusain Givo Gundulié (Jean Gondola), dont le sympathique bibliothécaire de l’Arsenal avait doctoralement parlé à plusieurs reprises. Vingt ans après la mort de Nodier, la Biographie universelle de Michaud rend hommage à ses « recherches intéressantes sur les productions littéraires de la Dalmatie, alors complètement ignorées » ; recherches « dont quelques-unes portent l’empreinte profonde de ses conquêtes en ce genre 2 ». Aujourd’hui même, d’éminents académiciens croient sérieusement que c’était « d’lllyrie encore » que Nodier rapporta Smarra. Et toutefois Nodier, qui a mystifié avec ses études illyriennes au moins autant de monde que Mérimée avec les siennes, car après tout, s’il joua l’érudit, ce fut uniquement dans l’intention de railler la crédulité contemporaine, —Nodier, disons-nous, n’obtint jamais dans ce genre la célébrité de l’auteur de la Guzla,

1 Encyclopédie des gens du monde, t. XVIII, p. 159. 2 Biographie universelle, t. XXX, p. 641.